La crise économique que connaît la France aujourd’hui contribue à fragiliser encore la situation déjà très difficile des QPV (les Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville).
L’ampleur des enjeux urbains, sociaux et économiques dans ces quartiers impose la mobilisation de toutes les forces vives et tout particulièrement celles des acteurs économiques: l’Etat et les collectivités ne peuvent pas tout ! L’action de ces dernières est en outre contrainte par un contexte bien connu, peu favorable à la dépense publique.
Faire le pari du renforcement des synergies entre le privé et le territoire est donc un des leviers fort à la disposition des collectivités : à la fois efficace et efficient, ce levier peut contribuer à améliorer le développement humain et économique des quartiers.
Cela suppose de considérer l’entreprise comme une ressource, au-delà de sa capacité à générer directement des emplois.
De nouvelles relations sont ainsi à construire ou consolider, y compris avec des entreprises situées à l’extérieur du territoire.
En ce sens, Argo&Siloe propose autant que possible dans ses interventions sur les territoires, d’associer les entreprises pour des solutions mixtes publics et privés (nous avons par exemple initié un rapprochement entre la ville de Gennevilliers et le Group Up dans le cadre d’un projet de centre d’affaires de quartier)
Les différents niveaux d’intervention
Les entreprises peuvent se mobiliser sur un champ d’actions variées couvrant l’ensemble des domaines du développement économique et de l’emploi.
Ainsi la charte Entreprises et quartiers, formalisée par le CGET, qui constitue l’outil phare à disposition des collectivités, a retenu 5 grandes familles d’actions :
1/ l’éducation et l’orientation scolaire
2/ l’emploi / l’insertion et la formation
3/ le développement économique
4/ les services de proximité, l’accessibilité aux produits et services de l’entreprise
5/ le soutien aux initiatives locales, le mécénat de solidarité.
Source : Argo&Siloe d’après le CGET
Comment mobiliser les entreprises ?
Les grands groupes de l’ESS et les anciennes entreprises publiques peuvent constituer les premières cibles d’un territoire souhaitant s’engager dans la démarche : elles disposent en effet d’une culture de la RSE « ancienne et bien développée ».
Au sein des entreprises, il existe plusieurs « portes d’entrées » possibles: la fondation, les services RH (interlocuteur privilégié pour le mécénat de compétences), le pôle RSE (si existant) et la direction des achats (principalement pour des actions visant à ouvrir la commande aux entreprises et créateurs issus des quartiers).
Si la proximité géographique entre les quartiers et les entreprises sollicitées n’est pas indispensable, notons qu’elle présente de nombreux avantages.
Elle ouvre la voie à des actions que l’éloignement empêche en particulier en matière de soutien aux créateurs et aux entreprises issues des QPV (hébergement de jeunes pousses au sein des entreprises, relations commerciales avec des entreprises des quartiers exerçant dans le champ des services aux salariés et aux entreprises, par exemple: restauration, aide à domicile, informatique…)
Aussi, cette même proximité facilite l’engagement du fait d’une sensibilité et d’un intérêt plus forts des entreprises pour le territoire.
Enfin elle autorise le montage de partenariats plus dense et plus simple à mettre en œuvre : le mécénat « en circuit en court » offrant la possibilité de rencontres régulières entre financeurs et structure aidée.
Les motivations des entreprises pour s’engager dans la démarche
Source : CGET
Les territoires ont également intérêt à s’appuyer sur des réseaux d’entreprises pouvant jouer le rôle de facilitateur, comme FACE.
Ce club a pour but de démarcher des entreprises pour signer la charte entreprises et quartiers et bâtir des actions avec elles. Il s’agit de construire une relation de long terme avec les entreprises, en créant une vraie adhésion, nécessaire à la réussite de la démarche. Le club a également pour rôle de rechercher à mutualiser les actions des entreprises pour renforcer la logique de réseau et l’efficacité des actions.
Signe de l’intérêt manifesté par les entreprises : 70 entreprises ont signé la charte entreprise et quartier au niveau national, et 600 entreprises et organisations sont mobilisées dans les territoires.
Une démarche possible pour tous les territoires et toutes les entreprises
Le renforcement des relations entre entreprises et quartiers n’est pas limité aux grandes agglomérations : c’est ce que montre l’exemple de Limoux , une commune de 10 000 habitants dans l’Aude. Ce territoire a mis en place l’action « Osez l’entreprise », organisée avec les chambres consulaires et la SCIC SAPIE, en partenariat avec des entreprises locales.
Cette action, qui s’inscrit dans le cadre de l’appel à projets du Contrat de Ville de Limoux, vise à rendre plus accessible la création et la reprise d’entreprises au profit des publics éloignés de l’emploi résidant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. 12 projets ont ainsi été accompagnés dans le cadre d’un parcours comprenant : un module théorique, un module d’immersion dans l’entreprise pour découvrir le métier de dirigeant et la mise à disposition d’une boutique éphémère.
Des sensibilisations à l’entrepreneuriat au lycée ont également été mises en place.
Fait remarquable : cette action s’est déroulée sans qu’aucune grande entreprise n’y participe ; seul le tissu local a été mobilisé.
En ce sens, l’exemple de l’entreprise 18 printemps à Perpignan montre bien qu’il n’y a pas de conditions d’ancienneté ou de taille pour les entreprises. Cette agence de communication qui réunit deux entrepreneuses, a été créée il y a 1 an, et s’est engagée dans des actions de parrainage de demandeurs d’emplois et de sensibilisation dans les lycées.
Les collectivités peuvent montrer l’exemple
C’est le choix qu’ont fait les élus et les services du Grand Narbonne, première collectivité en France à signer la charte Entreprise & Quartiers. Dans le cadre de cette charte, l’agglomération s’engage en tant qu’employeur et met en avant des actions significatives comme les chantiers jeunes, la formation de ses agents, les clauses d’insertion, le civic dating (recrutement de jeunes pour le service civique), l’accueil de stagiaires…
Quelques références Argo&Siloe
> Animation de deux ½ journées pour Villes&Territoires
> Etude d’opportunité et de faisabilité d’un centre d’affaires de quartier à Gennevilliers
En savoir plus sur l’attractivité des quartiers prioritaires